La crise sanitaire n’a pas fragilisé la puissance économique des GAFAM, bien au contraire…

Avec la pandémie, de nombreux secteurs de l’économie mondiale ont été fragilisés, notamment et plus particulièrement celui des matières premières. On a ainsi pu observer une baisse des cours du pétrole et des métaux industriels. Au Sénégal par exemple, ce sont près de 96% des entreprises industrielles qui ont été impactées, avec pour conséquence un net recul du Produit intérieur brut (PIB) qui s’établit à seulement 1,5% en 2020. Pendant ce temps, il semble que les géants du web, et notamment les GAFAM,  affrontent la tempête avec une insolente vitalité.

Des entreprises privées à l’assaut du monde

Les GAFAM (comprenez : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) sont, depuis bien longtemps, implantés dans nos esprits et dans nos usages. La plupart ont réussi à imposer un modèle économique en seulement quelques années, là où des entreprises de réputation mondiale ont mis des années pour se construire. Les « géants du Web » sont désormais plus grands que les géants d’hier. Pour donner un exemple vertigineux : alors qu’Exxon Mobil dépassait en 2006, les 400 milliards de dollars de capitalisation, Apple approchait en 2016 les 600 milliards.

A l’échelle du monde et des états, la situation est encore plus éloquente : en effet, et pour revenir à l’exemple de la société Apple, la valorisation boursière du groupe dépasse désormais la richesse de nations telles que l’Italie, le Brésil ou encore la Russie. Les analystes de la société MacKeeper, responsables d’une étude sur la firme de Cupertino, estiment ainsi qu’avec ses 2 200 milliards de dollars, Apple pourrait sans difficultés se hisser parmi les premières nations les plus riches du monde, si elle se définissait en tant qu’Etat. Il ne lui manquerait d’ailleurs pas grand-chose pour dépasser le PIB de la France, qui s’exprime à hauteur de 2 700 milliards.

D’autres chiffres qui font tourner la tête

Pour les autres grands groupes qui font partie du cercle restreint des GAFAM, le constat est identique : si l’on prend par exemple la seule société Microsoft, la richesse de celle-ci dépasserait les ressources économiques du Canada – qui s’établissent actuellement aux alentours de 1 827 milliards de dollars. Quant à la société Amazon, dont le leader Jeff Bezos vient tout juste de prendre sa retraite, elle serait sur le point de dépasser le PIB de la Corée du Sud, avec ses 1 688 milliards. Des résultats certes plus timides que pour la société Microsoft, mais qui témoignent tout de même de la puissance de certains groupes privés.

Si l’on se penche un moment sur le cas Google, les perspectives économiques sont tout aussi ahurissantes : en effet et toujours selon la même étude qui focalise principalement sur l’évaluation boursière, l’emblématique moteur de recherche capitaliserait à hauteur de 1 411 milliards de dollars. Il surclasserait donc des nations comme l’Australie ou l’Espagne. Quant à Facebook et ses 736 milliards de dollars, il serait en mesure de tenir tête à l’économie de pays comme la Turquie ou encore la Suisse.

Une croissance débridée mais des critiques

Bien entendu, ces chiffres sont issus d’une étude qui se concentre en priorité sur l’évaluation boursière de ces grands groupes. Il pourrait être tout aussi intéressant de regarder d’autres indices comme celui des revenus pour obtenir un autre point de vue : ainsi en 2017, les GAFAM totalisaient près de 650 milliards de revenus cumulés, pour une valorisation dépassant les 3 500 milliards de dollars. La plupart des grands groupes étaient alors face à une croissance relativement exceptionnelle. Celle de la société Microsoft, bien que timide, affichait pourtant une santé insolente, avec un chiffre d’affaires multiplié par 2 par rapport à 2008 (110,4 milliards de dollars contre 60,4 milliards).

Mais c’est sans aucun doute la société Facebook qui connait la plus forte croissance à l’époque, avec un chiffre d’affaires qui grimpe de 300 millions à 56 milliards de dollars en seulement dix ans. Cette manne économique provient essentiellement des revenus publicitaires en lien avec les usages mobiles (un poste qui représente actuellement près de 90% des revenus de la société).

Cet impressionnant tableau doit toutefois être mis à l’épreuve de l’opinion publique : en effet, les leaders de la Tech semblent avoir gagné plus d’argent que d’estime. Au premier plan des critiques formulées : les soupçons d’obsolescence programmée qui pèsent sur la société Apple, ou encore l’addiction destructrice provoquée par l’usage de réseaux sociaux comme Facebook.

Ainsi, si les GAFAM connaissent encore aujourd’hui une relative prospérité face à la crise sanitaire, c’est probablement à cause du soutien moral et psychologique qu’ils apportent à des millions de gens reclus à leur domicile. Les réseaux sociaux, mais aussi le commerce en ligne permettent de survivre, sans avoir besoin d’affronter le réel. Au premier trimestre 2021, Google augmentait ses ventes de 34% et triplait littéralement son bénéfice pour atteindre les 18 milliards de dollars.