Le Sénégal a été frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, qui a mis un terme à une période de croissance économique qui avoisinait jusqu’alors une moyenne de 6,5% sur les six dernières années. Bien que la croissance économique ait été supérieure aux attentes en 2020 (avec un taux de 1,5%), elle reste bien en deçà de son niveau de 2019 qui était de 5,3%. Le pays peut cependant compter sur l’attention vigilante et le soutien de ses partenaires au développement et des services du FMI.

Le FMI et le Sénégal
Christine Lagarde à la tête du FMI – AFP/Archives – SAUL LOEB

Un contexte économique difficile depuis 2020

Le Sénégal est connu et réputé depuis plusieurs années pour la stabilité de son économie. En 2018 par exemple, la croissance du pays affichait un taux de 6,7%. En 2019, la croissance était légèrement moindre et s’établissait à hauteur de 6%. Une situation qui s’expliquait par une pluviométrie en baisse (le Sénégal est connu pour abriter une production agricole exceptionnelle), ainsi qu’une hausse du prix du baril. A cette époque, les perspectives à court et moyen terme étaient relativement favorables puisqu’on estimait la croissance du Sénégal en 2020 à hauteur de 6,8%.

Cette situation particulière est la conséquence du Plan Sénégal Emergent (PSE) qui est la face visible d’une politique d’investissement et de réformes structurelles responsable. Cependant, la crise épidémique liée au Covid-19 est venue bouleverser cet agenda optimiste. Ainsi, les mesures d’endiguement de la pandémie ont forcément eu des répercussions sur certains secteurs sensibles, à commencer par le tourisme (qui représente près de 8% du PIB).

L’impact de la crise sanitaire aura également des répercussions sur les finances publiques. Le FMI a ainsi revu à la hausse le déficit budgétaire du pays pour 2020, passant ainsi de 3% à 6,2%. Les projets prioritaires du Plan Sénégal Emergent (PSE) ont donc été chamboulés. Ils ont dû faire l’objet d’une révision.

L’implication du FMI dans le soutien à l’économie du Sénégal

La mise en place de réformes structurelles par le biais du Plan Sénégal Emergent a permis de dynamiser certains secteurs de l’économie. Cependant, un approfondissement a été jugé nécessaire notamment dans les domaines de l’éducation, de l’administration et de la fiscalité. C’est dans cette optique que le FMI accompagne le Sénégal dans le cadre du programme ICPE (Instrument de Coordination des Politiques Économiques), et ce depuis le mois de septembre 2019. Le Fond Monétaire International en profite ici pour rappeler le Sénégal à ses engagements, en matière de restructuration des entreprises publiques et de gestion de la dette et de la trésorerie. L’accord avec le Sénégal au titre de l’ICPE, approuvé le 10 janvier 2020, connaîtra toutefois des changements sensibles avec l’apparition de la pandémie.

Dès le mois d’avril 2020, et pour permettre à l’Etat de lutter efficacement contre la pandémie, le FMI décaisse la somme de 442 millions de dollars EU, soit près de 263 milliards de FCFA (2% du PIB). Les services du FMI souhaitent ainsi accorder au Sénégal un accès d’urgence à la facilité de crédit rapide et à l’instrument de financement rapide, de manière à permettre au pays de relever ses défis économiques. L’objectif à court terme consistait ici à « exécuter les mesures de lutte contre la crise de manière efficace et transparente ».

Le point sur la troisième revue du programme

Plusieurs mois après le début de la pandémie, le Sénégal et les services du FMI sont sur le point de conclure un nouvel accord sur les mesures économiques et financières à mobiliser. C’est à l’occasion d’une visite virtuelle menée entre le 6 et le 27 avril dernier, que la Cheffe de mission du FMI Corinne Deléchat a pu rencontrer le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo.

Cette nouvelle coopération doit conduire à l’approbation de la troisième revue du programme, appuyé par l’instrument de coordination de la politique économique (ICPE). Les deux parties se sont également mis d’accord sur les contours d’un plan de financement de 650 millions de dollars sur dix-huit mois, au titre de la facilité de crédit de confirmation et du mécanisme d’accord de confirmation. Pour le moment, l’étude attentive du dossier par le Conseil d’administration du FMI doit se dérouler à titre provisoire au début du mois de juin 2021.

A cause d’une conjoncture économique moins favorable, les autorités sénégalaises sont désormais contraintes de réviser leurs priorités budgétaires pour l’horizon 2021-2023. Ce contexte économique tient également compte du soutien nécessaire de l’Etat en faveur de la campagne de vaccination contre la Covid-19, et de la mise en œuvre d’un programme d’urgence destiné à soutenir l’emploi des jeunes. D’ici à 2023, les pouvoirs publics espèrent revenir progressivement à un déficit de l’ordre 3% du produit intérieur brut (PIB).