A l’heure actuelle, la crypto-monnaie ou monnaie numérique remporte un succès croissant auprès d’une population toujours plus importante à travers le monde. Les jeunes générations sont particulièrement concernées. L’engouement est tel que les grands gestionnaires de capitaux, de même que les établissements financiers s’y intéressent. Sur le continent africain et plus particulièrement dans des pays comme le Sénégal, l’avenir de cette monnaie décentralisée semble assuré, face à l’envolée des taux d’inflation et le manque d’inclusion financière dont souffre une partie de la population ne disposant pas d’un compte bancaire et peinant de fait à accéder à des sources de financement.

La crypto-monnaie en quelques lignes

La crypto-monnaie est, comme son nom l’indique, une monnaie immatérielle, permettant à son détendeur d’acheter des biens ainsi que des services sur Internet. Cependant, à la différence d’une banque ou d’un organisme central, la monnaie numérique n’obéit à aucune loi, sinon à celle du réseau dit « de gré-à-gré ». En d’autres termes, la crypto-monnaie est utilisée dans certaines transactions en ligne, ainsi qu’auprès de certains commerçants susceptibles de l’accepter. Dans le cas d’une transaction « réelle », le paiement se fera au moyen d’un équipement mobile, à l’aide par exemple d’un porte-monnaie électronique.

C’est précisément cette « liberté transactionnelle totale » qui, dans le meilleur des cas, interpelle les autorités financières. Car la valeur de la monnaie numérique repose uniquement sur le réseau Internet et la technologie blockchain. La Banque centrale nigériane, par exemple, se montre relativement hostile à ces nouvelles formes d’échange sans contrôle, et l’accuse volontiers de servir au « blanchiment d’argent et au financement du terrorisme ». Cependant, cela n’empêche pas le Bitcoin [l’une des plus célèbres crypto-monnaies] de progresser sur le continent africain et notamment dans ce pays, ou les jeunes plébiscitent largement ce moyen de paiement. Le Niger en effet, est devenu le 2e pays sur le marché mondial utilisant cette valeur, juste derrière les Etats-Unis.

Bitcoin en Afrique
L’émergence du Bitcoin en Afrique: vers un nouveau système monétaire.

Le rôle du Bitcoin dans l’économie du Sénégal

De nombreux observateurs attentifs de la vie économique africaine estiment que le continent est d’ores et déjà un terrain propice à l’utilisation et au développement de la crypto-monnaie. Au Sénégal par exemple, le Bitcoin est une valeur numérique dominante et qui semble remporter progressivement la confiance des autorités. Une situation qui ne semble guère surprenante, étant donné la nature « refuge » de cette valeur face à l’inflation.

La course folle du Bitcoin semble n’avoir aucune limite : ainsi, depuis le 1er octobre 2020, le cours de cette crypto-monnaie est officiellement passé de 10 000 dollars (soit environ 8 312 euros) à 36 140 dollars au 3 février 2021. Un « pic » a pu être observé à hauteur de 40 000 dollars durant les premiers jours de l’année 2021. Une volatilité qui attire bien évidemment la curiosité des investisseurs institutionnels et particuliers.

Economie décentralisée : les initiatives se multiplient

Par ricochet, et en réponse à l’extrême popularité du Bitcoin, d’autres initiatives sont lancées dans le même domaine, avec pour objectif de développer « l’inclusion financière au travers de sources de financement éthique ». Le professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine Jérôme Mathis explique ainsi que « de nombreuses actions sont menées par de jeunes entrepreneurs africains, qui essayent de mettre sur pied des valeurs susceptibles d’être utilisées à grande échelle ».

D’un autre côté, et sur un plan plus institutionnel, il faut également parler de l’action lancée par le club d’affaires clubLABO et son président, Elhadji Malick FALL. La crypto-monnaie LABOcoin, puisque c’est son nom, se veut conforme aux règles établies par la Finance islamique, avec pour objectif de « développer l’inclusion financière, ainsi que les sources de financements éthiques en Afrique et partout dans le monde ». Le gouvernement s’intéresse beaucoup à cette initiative, et prévoit ainsi d’utiliser les investissements réalisés à partir de cette monnaie pour soutenir des projets locaux réputés « rentables » (4). Ainsi, grâce à des investissements sur des projets particulièrement rentables et « halal », la crypto-monnaie est en mesure de garantir une croissance entre 10 et 100% par mois. En 2019, un LABOcoin correspondait à environ 10 000 FCFA.

Citons enfin les initiatives lancées en 2018 par l’artiste Akon dans le domaine des crypto-monnaies : le chanteur avait alors l’ambition de concevoir une devise capable d’apporter une sécurité supplémentaire dans le système monétaire en Afrique. Trois ans plus tard, le pari semble être parfaitement réussi : grâce à un partenariat avec la crypto-banque Baanx, une carte de paiement en cours d’expérimentation (notamment au Kenya) sera bientôt déployée dans toute l’Afrique.