Le Sénégal compte beaucoup sur ses différentes activités artisanales pour renforcer sa politique d’Etat en matière de sécurité alimentaire : on pense notamment au secteur de la pêche, qui emploie près de 600 000 emplois directs comme indirects mais aussi au secteur agricole, qui représente près de 15% du PIB. Ce secteur en particulier semble avoir durement souffert de l’épidémie de coronavirus. Pourtant, la production maraichère n’a jamais été aussi prometteuse que depuis ces dernières années, avec des perspectives intéressantes en matière d’exportation.

La culture maraîchère, une pratique très ancienne au Sénégal

La pratique de la culture maraîchère est historique au Sénégal. En effet, les premiers jardins potagers apparaissent dès le début du 19e siècle, sur la presqu’île du Cap Vert sur la côte atlantique. La sécurité alimentaire est alors assurée. Les besoins concernent alors essentiellement la capitale de Dakar et la zone de production principale est la région des Niayes. La situation climatique le long de l’océan se révèle alors très favorable au développement des cultures. Les zones de production s’étendent ensuite aux principales agglomérations du pays, avant que la Vallée du Fleuve ne fasse l’objet d’une irrigation intensive, permettant l’essor de la partie nord du pays.

Durant les cinquante dernières années, l’agriculture sénégalaise s’est ainsi fortement reposée sur des cultures de rente, véritable moteur de l’économie – avec la production de l’arachide et du coton en tête de gondole. Pourtant aujourd’hui, c’est la culture des céréales et des fruits et légumes qui attire les regards et connaît de véritables performances, ceci grâce à une demande locale croissante. Le développement de l’irrigation, notamment dans la vallée du Fleuve Sénégal au nord du pays, a permis de faire émerger la filière prometteuse du riz.

Culture maraîchère et sécurité alimentaire au Sénégal
Culture maraîchère et sécurité alimentaire au Sénégal

L’agriculture sénégalaise en quelques chiffres

Le secteur agricole au Sénégal est essentiel à la survie de la population locale depuis de nombreuses années, que ce soit sur le plan alimentaire comme en matière d’emplois. On estime ainsi que le domaine de l’agriculture dans cette région du monde est en mesure de faire travailler près de la moitié de la population active. Rappelons également qu’en 2017, le secteur de l’agriculture représentait près de 16% du PIB, alors qu’il n’était que de 7,1% en 2012.

La vitalité du secteur agricole se mesure notamment auprès de secteurs géographiques traditionnels comme la zone côtière des Niayes, entre Dakar et Saint-Louis où les petits exploitants fournissent généralement près de 80% des fruits et légumes nécessaires à nourrir le pays tout entier. Des conditions climatiques extrêmement favorables permettent ainsi l’émergence et l’essor d’un système logistique efficace, qui se révèle également très avantageux à l’export. Hamidou Kane, travaillant à la coopérative sénégalaise Delta Prim affirme ainsi que « la production de pastèques permet de gagner trois fois plus à l’export qu’au moment de la vente aux commerçants locaux, soit 1 000 F CFA contre 300 ».

Une dynamique alimentaire fragilisée par la pandémie : La sécurité alimentaire en danger ?

Ce contexte de production dynamique est cependant fragilisé depuis plusieurs mois par les conséquences de l’épidémie de Covid-19 et les mesures de restriction prises par les pouvoirs publics. La sécurité alimentaire du pays s’en voit impactée. Les déplacements entre les régions ont été gelés durant plusieurs mois, et les frontières fermées, ce qui a eu pour conséquence une baisse importante du PIB. Le Président Macky Sall s’est ainsi vu obligé d’annoncer, au début de l’épidémie, une évolution de la croissance en baisse de 6,8% à 3%.</p>

Cette situation dramatique n’a cependant pas empêché le gouvernement de mobiliser un fonds de 1 000 milliards de francs CFA, destiné à soutenir des secteurs clés de l’économie tels que l’agriculture. Ainsi, sur ces 1 000 milliards, le secteur agricole a perçu la somme de 171 milliards Fcfa (soit l’équivalent de 308,6 millions de dollars), ce qui correspond à une hausse de 12,5% par rapport à l’année fiscale précédente. Le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural (MAER) souhaite que ce montant soit déployé selon une logique précise : le volet « production, diversification et valorisation des produits agricoles » devrait par exemple bénéficier de 63% du total de la somme allouée, soit l’équivalent de 108 milliards de Fcfa.

A l’heure actuelle, le plan de relance de l’économie se poursuit, avec pour objectif de soutenir pleinement le secteur de l’agriculture qui occupe près de 60% de la population active. L’objectif du gouvernement est double : il s’agit non seulement de renforcer la souveraineté alimentaire du pays, mais également de promouvoir les exportations de fruits et légumes en provenance du Sénégal. Selon Ibrahima Sow, directeur marketing du Port de Dakar, « l’augmentation des volumes d’exportation pourrait permettre d’équilibrer la balance commerciale, compte tenu du fait que près de 70% des conteneurs en provenance de l’étranger repartent vides ».