L’Afrique de l’ouest dispose de ressources naturelles considérables, notamment et plus particulièrement dans le domaine des énergies fossiles : le gaz et le pétrole font ainsi l’objet de toutes les convoitises, depuis la découverte de gisements importants en 2016 dans la partie nord du pays, à la frontière avec la Mauritanie. Aujourd’hui, pour assurer une meilleure gestion des hydrocarbures et une plus grande transparence, le Sénégal se dote d’un nouvel outil numérique puissant : le cadastre pétrolier.

Cadastre Pétrolier Sénégalais
Cadastre Pétrolier Sénégalais

Pétrole et gaz : une opportunité pour le Sénégal

Le Sénégal s’apprête à devenir une véritable puissance pétrogazière. C’est en tout cas ce que laisse espérer les récentes découvertes d’hydrocarbures et de gaz au large du Sénégal, qui ont connu un point culminant au milieu des années 2010 et qui se situent pour la plupart en pleine mer. L’exploitation du bloc pétrolier offshore de Sangomar ne devrait toutefois intervenir qu’à partir de 2023, selon les informations communiquées par la société nationale sénégalaise Petrosen.

L’exploitation et la découverte de ressources naturelles n’est pourtant pas un phénomène récent pour le pays de la Teranga : le gaz naturel, par exemple, a été découvert en 1997 et fait l’objet d’une exploitation active par la société américaine Fortesa depuis 2001. Depuis, les découvertes se sont succédé, avec par exemple l’exploration réussie en mai 2016 de deux importants gisements situés dans les blocs offshore de Kayar et Saint-Louis par l’entreprise américaine Kosmos Energy. Au total : des réserves estimées à près de 450 milliards de mètres cubes, à la frontière avec la Mauritanie.

Pour le pétrole, en revanche, les choses sont plus récentes puisque les premiers gisements offshores ont été découverts en octobre 2014 et jusqu’en 2016. Les quelques explorations débutées dans les années 1960 n’ont permis de révéler que très petites poches de pétrole lourd, essentiellement au large des Côtes de la Casamance mais sans que cela puisse toutefois faire l’objet d’une exploitation commerciale (5). Aujourd’hui, certains experts du milieu de l’énergie fossile n’hésitent plus à qualifier le Sénégal de « futur émirat du gaz ». On estime en effet les retombées de l’exploitation du pétrole et du gaz à hauteur de 150 milliards de dollars. Une chance, mais également un risque pour l’économie sénégalaise (6).

Des questions environnementales au cœur du débat

En effet, l’exploitation offshore des énergies fossiles suppose de perturber grandement l’économie maritime, un domaine tout à fait vital dans l’économie du Sénégal. Premier secteur exportateur, la pêche industrielle et artisanale génère, dans cette région du monde, pas moins de 600 000 emplois directs et de nombreuses initiatives entrepreneuriales sont menées pour dynamiser ce secteur à l’heure actuelle. A ceci, il convient d’ajouter des préoccupations environnementales qui aboutissent à des revendications légitimes. Des questions que le Ministre sénégalais de l’Environnement et du développement durable a promis de traiter.

C’est dans une dynamique similaire que le Ministère du Pétrole et des énergies a annoncé, le 17 mai dernier, sa volonté de rendre transparent un certain nombre d’informations essentielles dans l’attribution et la gestion des titres pétroliers. Dans un communiqué adressé à l’APS (Agence de Presse Sénégalaise), le gouvernement explique ainsi vouloir « assurer une meilleure gestion administrative des autorisations, ainsi qu’un suivi des projets pétroliers et gaziers » par le biais du cadastre (CPS).

Le cadastre pétrolier du Sénégal, un outil au service de la transparence

Concrètement, le cadastre pétrolier se présente sous la forme d’une plateforme numérique, et doit permettre à terme de consulter les données des activités pétrolières et gazières du pays. De la même façon, les industries et compagnies pétrolières disposent d’un accès privilégié à la plateforme, afin d’effectuer des démarches administratives et faciliter les relations avec les ministères. Au final, le cadastre se veut être un canal d’accès à des informations réputées « de premier niveau » concernant les activités d’exploitation de la région.

Les préoccupations à l’origine du développement de l’outil sont multiples : d’abord, il y a la volonté manifeste des autorités sénégalaises de se conformer aux normes internationales. L’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) doit ainsi permettre « d’améliorer la transparence dans la gestion des revenus tirés de l’extraction des ressources minières, gazières et pétrolières ». Ensuite, il y a le souhait des pouvoirs publics d’assurer une plus grande transparence dans l’attribution, la gestion et le suivi des titres pétroliers.

Cette politique de transparence et de digitalisation constitue un pas de plus vers un accès plus démocratique à l’information. Des efforts restent cependant à fournir dans ce domaine. Coordinateur régional pour l’Afrique de l’Ouest francophone de la coalition mondiale « Publiez ce que vous payez », Demba Seydi regrette par exemple que le cadastre « ne reflète pas les procédures et les critères par lesquels les compagnies ont obtenu leur permis […]. Au final, il estime que l’outil ne propose qu’une photographie de ce qui a déjà été décidé ».