Depuis plusieurs années maintenant, le monde asiatique s’intéresse de près au continent africain, l’accompagnant dans son développement économique. La Chine, par exemple, crée des liens économiques importants avec les nations africaines depuis 2013, avec une présence importante en Zambie. La Corée du sud, quant à elle, investit massivement dans l’économie sénégalaise, par le biais du secteur agricole et dans le but de créer des emplois durables à destination de la jeunesse du pays.
Après la crise, un besoin de souveraineté alimentaire
Les autorités sénégalaises sont confrontées à un double défi : celui d’accompagner le développement agricole du Sénégal dans une perspective de souveraineté alimentaire, tout en proposant un avenir professionnel aux sénégalais. Le tout dans un contexte épidémique qui a rudement touché l’économie du pays. Bien que l’agriculture ne soit pas un pilier fondamental de la politique de développement du Sénégal, le secteur représente tout de même une part non négligeable du PIB – ainsi en 2013, la part de l’agriculture dans l’économie du pays représentait pas moins de 17,5%. Ce qui signifie des perspectives indéniables en matière d’emploi, pour une population souvent très jeune (en 2020 comme pour les années précédentes, la moyenne d’âge était de 19 ans) .
Pour accompagner favorablement le développement de l’agriculture dans cette région d’Afrique de l’ouest, et afin de participer activement à la formation des jeunes, le Sénégal peut compter sur l’appui et le soutien de pays étrangers. C’est ainsi que le 4 mai 2021, un programme de soutien a été conclu entre les autorités sénégalaises et la Corée du sud. Un accord qui doit permettre à terme le financement de trois projets stratégiques.
21 millions de dollars dans l’agriculture et la formation des jeunes
Le 6 mai 2021, l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), annonce avoir conclu un accord avec le ministère sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération. L’objectif : soutenir le développement agricole du pays tout en accompagnant la formation des jeunes. Ce plan ambitieux se monte ainsi à près de 21 millions de dollars et fera l’objet d’une ventilation spécifique selon trois grandes étapes :
La première étape de l’opération
La première étape du plan de financement concerne le développement durable de l’agriculture au Sénégal : au total, ce sont près de 11 de millions de dollars (soit l’équivalent de 5 978 720 000 francs Cfa) qui seront reversés d’ici à 2026, avec pour objectif la création d’un système de développement d’espèces céréalières. On pense notamment au projet de développement de la chaîne de valeur du riz dans la vallée du fleuve Sénégal. Les producteurs de la région ont en effet obtenu d’excellents résultats lors de la campagne 2020-2021, et ce malgré le contexte lié à la crise du Covid-19 .
La deuxième phase de financement
Cette étape concerne le projet de village pilote SAEMOUL, dans le département de Podor. La fondation du village sera soutenue à hauteur de 2,5 millions de dollars (soit l’équivalent de 1 400 000 000 francs Cfa). L’objectif ici consiste à « améliorer la résilience des résidents, d’augmenter substantiellement la production agricole et d’accroître les revenus des producteurs ».
Le troisième étage du plan
La troisième étape du plan consiste en la création d’un centre d’incubation de start-ups, au cœur de l’ISEP de Diamnadio à environ 30 km de la capitale de Dakar. Ce projet est soutenu et financé à hauteur de 7,5 millions de dollars jusqu’en 2024 (soit l’équivalent de 4 076 400 000 francs Cfa). Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, explique ici la volonté « d’apprendre aux jeunes à faire preuve d’autonomie à travers l’entreprenariat, et de soutenir les start-ups à travers un programme d’incubation et un makerspace ». Rappelons ici que les makerspaces sont une forme de fablab davantage axés sur l’éducation et le partage non commercial.
Le Sénégal, un partenaire prioritaire de la Corée
Les relations économiques privilégiées entre le Sénégal et la Corée du sud ne datent pas d’hier : en effet, et comme a pu l’indiquer le ministre de l’Économie, « la vitalité de la coopération Sénégalo-Coréenne s’affirme depuis plus d’une trentaine d’années […], ce qui s’explique volontiers par le fait que le Sénégal figure au sein de la liste des pays partenaires prioritaires ».
A l’occasion de la signature des accords entre les deux pays, la représentante du bureau de la KOICA au Sénégal, Lee Nam-soon, a souhaité réaffirmer sa volonté de « soutenir de manière active les projets engagés, de manière à construire un écosystème de valeur agricole durable sur la terre du Sénégal et créer des emplois pour les jeunes sénégalais ».