Le Sénégal avec un taux de croissance du PIB de 6 % en 2019, se place comme la deuxième économie d’Afrique francophone. En dépit d’un pays politiquement stable qui atteste d’une économie saine, les entreprises sénégalaises sont confrontées à de réelles difficultés en matière de financement. La rigueur des règles d’octroi de crédit par les institutions financières porte entrave au financement de l’activité des PME. Le point sur cette situation qui constitue une préoccupation majeure pour les dirigeants d’entreprises.

Les PME, base du tissu économique du Sénégal

Le Sénégal fonde tous ses espoirs dans l’essor des PME pour accroître son développement économique et social. Le levier des petites et moyennes entreprises constitue une priorité pour agir sur la création d’emplois, pour diversifier la production et utiliser les ressources productives locales. Les PME acteurs majeurs de l’économie sénégalaise représentent aujourd’hui la quasi-totalité du tissu économique entrepreneurial et le tiers des emplois au Sénégal.

La frilosité des banques à l’égard des PME/PMI

Alors que les entreprises sénégalaises doivent faire face pour leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement à des besoins de trésorerie, les banques sont, pour diverses raisons, réticentes à les financer. Lorsque les banques accordent des lignes de crédit et/ou un fonds de garantie elles utilisent pour instruire le dossier et suivre les remboursements des méthodes adaptées aux grandes entreprises (avec notamment des frais élevés de dossier). Cette attitude qui témoigne d’un désintéressement manifeste pour ces entreprises s’explique par plusieurs raisons.

L’omniprésence de l’informel

Au Sénégal comme dans tous les pays d’Afrique un grand nombre d’entreprises exercent leurs activités dans un cadre non légal. Elles ne tiennent pour ainsi dire pas de comptabilité et la plupart ne sont pas enregistrées au service des impôts.

Un système d’information déficient

La grande majorité des PME sénégalaises, par manque d’outils appropriés et de ressources humaines, sont dépourvues de système d’information et se trouvent dans l’incapacité de fournir des états financiers réguliers. Beaucoup travaillent sans l’aide d’un comptable ou de dispositif permettant d’enregistrer des opérations. Ce manque de transparence pouvant être assimilé par les institutions financières à de la fraude fiscale pénalise inévitablement les PME lors de l’étude d’une demande de crédit.

Un manque de professionnalisme

Les dirigeants des PME pêchent souvent par leur manque de formation de base et d’expérience en gestion d’entreprise. Seulement 13 % justifient d’études supérieures alors que le tiers d’entre-eux n’est pas allé au-delà de l’enseignement primaire.

L’absence de capitaux propres

La sous-capitalisation constitue un véritable obstacle au financement des PME sénégalaises. En effet, elles sont pour la plupart très faiblement capitalisées par des apports provenant essentiellement d’épargne, d’héritage, de dons etc… Ce constat laisse à penser que entrepreneurs, en se contentant du minimum requis par la règlementation, ne veulent pas prendre de gros risques ou ne sont pas sûrs de la rentabilité de leur activité. Un niveau de capitalisation insuffisant et de fait un fonds de roulement faible ne peut garantir efficacement la bonne marche de l’entreprise sans financement extérieur conséquent, ce qui entraîne la méfiance des banques.

Le défaut de garanties pour couvrir les risques

A cette sous-capitalisation vient s’ajouter l’incapacité pour la majorité des PME de fournir des garanties. On comprend dès lors la réticence des institutions financières à s’engager. La plupart des entreprises n’ont que très peu de biens à proposer pour garantir un prêt bancaire. La plupart des actifs immobiliers sont des biens de famille ce qui rend plus complexe leur mise en gage.

Les sources de financement : des opportunités avec le micro-crédit et les banques locales

En matière de financement des entreprises, la charte de la PME éditée en décembre 2003 et approuvée par tous les partenaires au développement prévoit notamment une implication beaucoup plus prégnante du secteur de la micro finance. Elle vise ainsi à assurer aux PME un appui multiforme pour accroître leur compétitivité.

Le micro-crédit et la microfinance au service des exclus du système bancaire

Le micro-crédit s’est développé considérablement au Sénégal durant ces dix dernières années et plus particulièrement pour les micro-entreprises. Il s’agit d’un crédit de faible montant accordée aux personnes exclues du crédit bancaire faute de garanties nécessaires. Il s’associe au concept de micro finance représenté par l’ensemble des services d’épargne et de crédit proposé aux petits opérateurs économiques du secteur informel en ville ou périphérie urbaine. Ces financements sont assurés par des institutions de la micro finance (IMF) de plus en plus implantées au Sénégal. Elles interviennent plus spécialement pour financer des micro-projets ainsi que les PME.

L’espoir dans les banques locales

Qui mieux que les banques à capitaux locaux pour s’impliquer dans l’économie locale ?
Leur connaissance des acteurs économiques locaux poussent ces établissements financiers à s’engager beaucoup plus que les banques étrangères. Il faut dire aussi que les banques locales sont généralement exclues des opérations d’envergure qu’elles ne peuvent financer à moyen et long terme et n’ont d’autre choix que se retourner pour placer leurs actifs sur des opérations plus modestes.

Malgré le rôle essentiel qu’elles jouent dans l’économie du Sénégal, les petites entreprises restent confrontées à un grand nombre d’obstacles dont l’accès au financement qui limite leur développement. L’espoir que cette situation s’améliore réside dans une plus grande confiance de la part du secteur bancaire, de taux d’intérêts plus attractifs et de fonds d’investissements dédiés aux financements des PME/PMI.

Le financement des entreprises au Sénégal : La grande problématique
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