Pétrole au Sénégal : La genèse

Comment l’aventure du pétrole du Sénégal a commencé ? Le 27 août 2017, le Sénégal a signalé sa première découverte de pétrole en mer. Un accomplissement, qui est le résultat de plus de 50 ans de tentatives visant à faire du pays une économie pétrolière. Parallèlement aux découvertes de pétrole du Sénégal qui se sont dès lors enchaînées, le pays de la Teranga a également mis la main sur de nombreuses réserves de gaz naturel qui seront développées en commun avec la Mauritanie, d’ici 2023. D’après de nombreux analystes, les changements qu’apporteront le pétrole au Sénégal et le gaz devraient donner une nouvelle dynamique à l’économie et accélérer le développement.

Qu'en est-il du développement du pétrole au Sénégal ?
Qu’en est-il du développement du pétrole au Sénégal ?

Futur producteur et exportateur de pétrole…

Après un bouclage financier de 4,2 milliards de dollars et la prise en janvier 2020, de la décision finale d’investissement sur le projet Sangomar, le Sénégal a annoncé qu’il entrera dans le cercle des pays producteurs de pétrole en 2023. L’extraction sera assurée par la société australienne Woodside Energy, qui aura comme partenaire la société publique du Pétrole, Petrosen. Selon le contrat de partage de production qui relie les deux entreprises, Woodside contrôlera une participation de 82% sur le périmètre de Sangomar et l’entreprise publique, le reste.
Le plateau de production prévu pour cette première phase, sera de 100 000 barils par jour pour via 23 puits sous-marin. Cette phase du développement visera environ 231 millions de barils de pétrole brut sur un total de plus de 560 millions en place.
Selon un accord signé avec le gouvernement sénégalais, Woodside développera des compétences locales qui seront employées dans le cadre de ce projet, ce qui permettra le respect strict des normes du Contenu local.

.. et de gaz naturel

Dans un contexte où la société américaine Kosmos Energy multipliait les découvertes de gaz naturel le long de la frontière maritime qui sépare le Sénégal et la Mauritanie, un accord a été trouvé en février 2018 par les autorités des deux pays pour exploiter conjointement les réserves. Ainsi, les deux pays ont paraphé un deal d’exploitation à parts égales du périmètre dénommé Tortue Ahmeyim et qui abrite des réserves de 15 Tcf de gaz, permettant ainsi l’exploitation du pétrole au Sénégal.
A titre illustratif, ce gisement vaut la moitié de la taille du Zohr, le plus grand champ de gaz découvert en Méditerranée égyptienne en 2015, et qui a permis à l’Egypte d’atteindre l’autosuffisance gazière en 2018.
« Ce gisement de gaz est très important pour l’avenir de nos deux pays. S’il est exploité comme nous le voulons, il va contribuer à accélérer les processus de développement et d’émergence de nos deux pays », avait alors déclaré le président sénégalais, Macky Sall.
Les parties prenantes au projet extrairont 70 millions de pieds cubes de gaz naturel par jour et ont décidé d’installer des unités de liquéfaction du gaz, capables de produire 2,5 millions de tonnes par an du combustible liquide. Une production qui sera essentiellement exportée vers les marchés extérieurs.
Au Sénégal, une partie du gaz brut produit en amont sera injectée dans une centrale flottante qui produira 235 MW d’électricité, suffisante pour répondre à 15% de la demande électrique nationale.

Développement du pétrole au Sénégal : Pas d’effet transformateur sur l’économie ?

Malgré l’euphorie que suscitent ces projets dans le pays, l’institut pour la gouvernance des ressources naturelles (NRGI), a publié un rapport en janvier 2022, dans lequel il indique que les revenus de la vente du pétrole et du gaz constitueront en moyenne 1,5 % du PIB ou 6 % de l’ensemble des recettes de l’Etat pendant 25 ans. Cela veut dire qu’ils seront insuffisants pour transformer l’économie.
De son côté, le ministère sénégalais du Budget a publié en juin 2022, un document dans lequel il estime qu’entre 2023 et 2025, les retombés dans le budget des secteurs gaz et pétrole seront de 887,6 milliards de FCFA. Cette estimation couvre la part de l’Etat dans les contrats de partage de production après déduction des coûts, les impôts et taxes prévues dans le cadre des accords signés, et les dividendes que recevra Petrosen.