Santé, éducation, autonomie alimentaire et énergétique, infrastructures touristiques et réseaux de transports, voici les axes clés du Plan Sénégal Émergent, la réforme complète du pays qui est à l’œuvre depuis des années. Le président Macky sall a entrepris de grandes vagues de réformes dans tous les secteurs. L’ombre de son prédécesseur Abdoulaye Wade surnommé «l’homme de chantier» du fait de ses initiatives, plane sur son mandat. En somme, des résultats durables et inclusifs sont attendus dans l’effort de transformation de la structure économique du pays. Notamment dans la réforme des secteurs de l’énergie et de l’éducation. Mais également dans la restructuration de la compagnie Sénégal Airlines qui est censée accompagner la construction de l’aéroport international Blaise-Diagne.

Plan Sénégal Emergent : Où en sommes-nous ?
Macky Sall – Président du Sénégal

Plan Sénégal Emergent : Le secteur de la santé

A mesure que la population augmente, les infrastructures permettant de maintenir cette population en bonne santé doivent augmenter proportionnellement. Ce qui inclut les mesures d’aides permettant l’accès à ces soins. On note que le budget de la couverture maladie universelle a triplé, passant de 17 milliards de francs CFA à plus de 50 milliards à ce jour. En effet, le but est d’assurer l’accès à la protection sociale à 75% de la population.

Cependant, le degré de couverture sociale n’est pour le moment qu’à 32%. En résumé, des efforts conséquents restent à fournir afin d’atteindre les objectifs visés. La stratégie en vigueur à l’heure actuelle consiste à actionner un certain nombre de leviers afin de fournir une mutuelle de santé opérative à chaque ville. Parmi ceux-ci, se trouve le renforcement de la gratuité, notamment celle des soins médicaux pour les enfants de moins de 5 ans. Mais également une réforme plus globale du système d’assurance-maladie et le développement de la couverture maladie universelle par le biais du réseau de mutuelles de santé.

Plan Sénégal Emergent : Le secteur de l’énergie

L’un des axes phares dans la ligne de mire du gouvernement est d’assurer la main-mise du pays sur l’autonomie énergétique.
C’est-à-dire qu’en l’état actuel, les capacités de production souffrent d’une insuffisance structurelle doublée d’une insuffisance des investissements de la part de la société nationale d’électricité. Or, dans le contexte ou la demande d’énergie suit une croissance exponentielle, l’accès à l’électricité devient très difficile pour les consommateurs et pour le secteur privé. Les experts estiment que les délestages fréquents ont coûté au Sénégal plusieurs points de croissance chaque année.

Le chantier énergétique demeure l’axe majeur à développer, mais énormément de progrès ont été fait grâce à des investissements de plusieurs centaines de milliards de francs CFA. Ces centaines de milliards ont permis de nombreux partenariats avec le secteur privé.
Nous pouvons classer ces récentes initiatives par ordre d’importance.
– En premier lieu les centrales à charbon de Kayar et leur production de 350 Mégawatts
– En second lieu les centrales à charbon de Sendou et leur production de 125 Mégawatts
– Enfin en dernier lieu la centrale bithermique de Tobène fonctionnant au gaz naturel et au fioul lourd produit 70 Mégawatts.

Plan Sénégal Emergent : Le secteur de l’éducation

Du fait des ajustements structurels mis en œuvre dans les années 1990, l’Université du Sénégal est en crise. En effet, elle peine à accueillir les trop nombreux étudiants, et ceux qu’elle parvient à accueillir doivent subir des infrastructures vétustes. Les frais d’inscriptions augmentent chaque année, et les bourses sont payées avec de plus en plus de retard ce qui met les étudiants dans une situation précaire vis à vis de l’administration.

De plus, les programmes scolaires se montrent particulièrement inadaptés au marché du travail.
Tous ces faits concourent à une situation qui fait que ceux qui disposent de moyens financiers plus importants tendent à inscrire leurs enfants dans des établissements privés. Ceux-ci étant plus à même de former efficacement leur progéniture au monde du travail.
Néanmoins, le président Macky Sall a annoncé que son ambition était de faire de l’université Cheikh-Anta-Diop l’une des universités du Top 100 d’ici 2025. Ainsi, il lui reste donc 3 ans pour mettre en œuvre ce vœu.

Plan Sénégal Emergent : La nécessaire autonomie alimentaire.

L’autonomie alimentaire est peut-être le secteur le plus essentiel à la sérénité d’un état.
La consommation annuelle du Sénégal est supérieure à 1 million de tonnes de brisures de riz.
Or le pays n’en produit localement que 130 000 tonnes, ce qui l’oblige à en importer 900 000 tonnes par an, faisant du Sénégal l’un des plus gros importateurs de riz du continent africain.

Afin d’anticiper toute crise alimentaire, le président Macky Sall a mis en œuvre le PNAR, le Programme national d’autosuffisance en riz. Ce plan prévoit l’aménagement des rizicultures en équipements agricoles, en semences et engrais ainsi que l’annulation de la dette des riziculteurs.
Il s’agit de rendre la filière attractive afin que plus de personnes s’engagent dans cette voie et fournissent la main d’œuvre nécessaire à une production agricole plus importante. Quant aux experts, ils annoncent pour leur part être optimistes, selon eux l’amélioration de la production, des circuits de stockage, de distribution et de commercialisation devrait considérablement améliorer cela.

Plan Sénégal Emergent : L’industrie du tourisme et des transports.

Le président Macky Sall avait affiché des ambitions très importantes en terme de nombre de touristes. En effet, il souhaitait en faire le symbole de la réussite du Plan Sénégal émergent. Cependant au vu la crise de 2015 due au virus Ebola, la filière touristique à au contraire vu sa fréquentation chuter de près de 40 %. Néanmoins, nombre de mesures ont été prises pour dynamiser le secteur du tourisme, par exemple l’annulation des visas d’entrée ou la réduction des taxes d’aéroport.

A l’heure actuelle, les principaux problèmes de cette industrie sont le manque de compétitivité par rapport aux autres industries et le manque de publicité. Or, ceci est fort dommageable, car ce secteur est censé représenter la principale source d’entrée de devises étrangères dans le pays.

En ce qui concerne la compagnie Sénégal Airlines dont l’état détient 36 % des parts et qui a été créée à partir des restes de son prédécesseur Sénégal international, la situation est critique. En effet, l’entreprise est totalement moribonde, car endettée à hauteur de presque 100 millions d’euros.
De plus, son chiffre d’affaires est en diminution constante, et chaque année, la flotte diminue, impactant d’autant plus la capacité de l’entreprise à rebondir.

A l’heure actuelle elle n’exploite plus qu’un avion de 25 places, ce qui donne une idée du potentiel terriblement diminué de rentrées d’argent.
Du fait de cette situation, les employés ont plusieurs salaires de retard et nombre d’entre eux sont au chômage technique. La seule issue possible à cette situation serait un partenariat stratégique avec une autre compagnie qui la porterait. Cependant cette sortie semble hautement improbable au vu de la conjecture.

Le mot de la fin

En définitive, nous pouvons conclure que malgré toutes les initiatives du Plan Sénégal Émergent la situation reste compliquée en dépit des nombreuses avancées sur les plans de l’autonomie énergétique par exemple. Les progrès en terme d’éducation sont tangibles, mais demeurent néanmoins insuffisants et bien en deçà des projections qui avaient été faites au départ du projet. L’allocation de fonds supplémentaires pour rénover la majeure partie des infrastructures semble être un axe majeur afin de redorer le prestige de cette institution.

Le Sénégal semble souffrir d’une inertie considérable qui ne pourra être solutionné que par le temps, des efforts soutenus et le changement des mentalités.

Nous pensons notamment aux mentalités des investisseurs qui, en investissant dans les secteurs-clés pourraient permettre des effets de levier considérables en termes de croissance.
Cela est particulièrement le cas pour le secteur du tourisme et la question des aéroports. Un investissement massif dans ce secteur dans le but d’obtenir une flotte opérationnelle doublée d’une couverture médiatique ferait affluer des ressources et attirerait par la même nombre d’investisseurs dans ce domaine.

Quoiqu’il en soit le Plan Sénégal Émergent continue de progresser chaque jour avec la même vitalité que le peuple sénégalais.