L’énergie est une donnée fondamentale au sein des pays d’Afrique de l’Ouest. Certaines zones encore très fragiles au Sahel nécessitent de réfléchir plus que jamais au développement du raccordement au réseau électrique. C’est dans ce contexte qu’intervient la Banque Mondiale. L’institution financière a ainsi débloqué, durant la première quinzaine de juin 2021, un financement de 465 millions de dollars dans le but d’accroître l’accès à l’énergie en Afrique de l’ouest. Retour sur un engagement qui va largement bénéficier au West African Power Pool (WAPP).

Renforcer l’accès à l’énergie en Mauritanie, au Sénégal et au Niger

L’électrification des zones rurales demeure toujours une préoccupation dans les régions d’Afrique de l’ouest, de même que le stockage et la stabilisation du réseau. Les grandes institutions financières mondiales en ont conscience, et souhaitent désormais prendre une part active dans l’accessibilité du réseau aux populations éloignées des centres. C’est dans ce contexte que la Banque mondiale a approuvé au mois de juin 2021 un financement de 465 millions de dollars. L’objectif : étendre l’accès au réseau électrique à plus d’1 million de personnes, tout en améliorant l’accès à l’électricité de 3,5 millions d’habitants des pays de la CEDEAO.

Ce projet phare de la Banque mondiale pour cette région ambitionne également, dans un deuxième temps, de consacrer une part importante du financement aux énergies renouvelables et à son intégration dans le système d’Echange d’Energie Electrique ouest-africain (WAPP). Le Battery-Energy Storage Technologies (BEST) ou « Projet régional d’accès à l’électricité et aux technologies de stockage de l’énergie par batterie » doit ainsi permettre d’augmenter le maillage du réseau électrique dans les zones les plus fragiles, tout en intégrant les énergies renouvelables au mix énergétique ouest-africain.

On peut estimer que cette initiative est de nature à provoquer une véritable transformation économique et sociale en Afrique de l’Ouest, bien que d’importants travaux de génie civil soient requis au préalable.

465 millions de $ de la banque mondiale pour l'Afrique de l'ouest
465 millions $: la banque mondiale finance l’énergie en d’Afrique de l’Ouest

Une initiative novatrice destinée à stimuler l’investissement privé

Le communiqué de la Banque mondiale détaille mieux les intentions premières de ce projet de financement. On y apprend donc que « le nouveau projet […] permettra d’augmenter les raccordements au réseau, notamment dans les zones les plus fragiles du Sahel, de renforcer les capacités de l’Autorité de régulation régionale du secteur de l’électricité de la CEDEAO (Arrec) et d’améliorer l’exploitation du réseau de l’Eeeao grâce à une infrastructure de stockage de l’énergie par batteries ». Le Sénégal, lui, devrait bénéficier des retombées financières par le biais de travaux de génie civil en région Casamance. Les communautés situées autour des sous-stations à proximité de cette région attendent impatiemment l’accès au réseau.

La Banque mondiale estime ainsi que son initiative au service des populations d’Afrique de l’ouest est de nature à stimuler la participation du secteur privé au soutien du marché des énergies renouvelables. La question du stockage se trouve donc au centre de la stratégie de l’institution financière, qui mise beaucoup sur les batteries pour augmenter les réserves d’énergie. Au total, ce sont près de 793 MW de nouvelles capacités d’énergie solaire qui devraient être développées au Mali, en Côte d’Ivoire ainsi qu’au Niger. De son côté, l’EEOA soutient l’idée que la technologie de stockage de l’énergie par batteries doit permettre aux opérateurs locaux de limiter le recours aux technologies de production à plus forte intensité de carbone (on pense notamment aux centrales thermiques qui fonctionnent majoritairement au charbon ou au mazout). Au final, le stockage d’électricité par batteries produite en dehors des heures de pointe s’avère être une clé essentielle pour distribuer pendant les pics de demande.

Des perspectives considérables sur le plan du développement

Pour les principaux acteurs de cette stratégie de financement, l’Afrique de l’Ouest se trouve à l’aube d’une nouvelle ère en termes de développement, avec un potentiel d’engagement significatif pour ce qui concerne le secteur privé. Charles Cormier, chef de service au pôle mondial d’expertise en énergie de la Banque mondiale, « des retombées positives considérables sont à prévoir sur le plan du développement, avec un accroissement du nombre de ménages et d’entreprises raccordés au réseau, avec une mise en valeur des importantes ressources en énergie renouvelable de la région ». Rappelons à ce titre que Monsieur Cormier faisait déjà du « gros potentiel en énergie solaire de l’Afrique, de l’ordre de 1 000 gigawatt ».

Durant la dernière décennie, la Banque mondiale a financé à hauteur de 2,3 milliards de dollars les investissements en lien avec les infrastructures et les réformes en faveur de l’Eeeao. Cette initiative est considérée comme essentielle par les observateurs et les pouvoirs publics pour atteindre les objectifs d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030, dans les 15 pays formant la CEDEAO.