Le climat et la préservation des ressources constituent une préoccupation de premier plan pour les autorités sénégalaises. Récemment encore, le pays a conclu un accord essentiel avec la Suisse pour développer la consommation de biogaz notamment dans les régions excentrées. Cette fois-ci, c’est le secteur financier qui fait l’objet d’une distinction particulière : la Banque agricole, premier établissement de crédit du pays, vient en effet d’être accréditée par le Fonds vert pour le climat (FVC) lui donnant ainsi accès à des projets de financement pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique.

Quelques mots sur la banque agricole

L’histoire de la Banque agricole est intimement liée aux évolutions successives des modes de financement du monde rural au Sénégal. En effet, au moment de l’indépendance du pays, l’Etat met en place différentes structures dont la mission va consister à prendre en charge les besoins de financement et d’accompagnement du monde rural. On retiendra ainsi la création de diverses sociétés et établissements, tels que la Société de Prévoyance (SP), dont le rôle d’intermédiaire entre les producteurs et les sociétés de financement était bien connu ou encore la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) qui assurait le financement du Programme Agricole (PA), par l’entremise de l’ONCAD (entité qui sera supprimée et remplacée par une structure intermédiaire en 1981, dans le cadre de la nouvelle politique agricole).

Par la suite, on observe progressivement l’émergence de sections et de Groupements d’Intérêts Economiques (GIE) dont le but était de procéder à la restructuration des entités coopératives classiques, qui n’étaient plus adaptées aux réalités du monde rural. Un groupe de travail, composé essentiellement d’acteurs de la filière, sort de terre en mars 1981 et commence ainsi à étudier la réforme du crédit rural sur le plan général, tout en réfléchissant à la création de structures plus adaptées. Les résultats des études menées par ce groupe aboutissent ainsi à la création en 1984 de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal, qui deviendra la Banque agricole par la suite en 2019.

Le Fonds vert pour le climat, pour une finance mondiale plus éthique

Le Fonds vert pour le climat (ou FVC) est un fonds mondial créé en 2010 et placé sous la tutelle de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Il a pour objectif d’apporter des solutions aux pays en voie de développement pour les aider à limiter ou à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Les pays qui souhaitent ainsi faire évoluer leur politique en lien avec le changement climatique sont donc directement concernés par cette initiative. Pour bénéficier d’un financement de la part du FVC, les projets doivent répondre aux critères suivants :

  • L’impact potentiel ou « impact attendu » du projet
  • Le potentiel de changement durable de modèle que permet le projet ou « changement de paradigme »
  • Le potentiel de développement durable
  • Les besoins du bénéficiaire
  • L’appropriation nationale
  • L’efficacité et l’efficience

Ainsi, grâce à cette nouvelle accréditation, dont le processus a été bouclé en août 2020, la Banque agricole va pouvoir « répondre au besoin de financement d’une économie rurale, exposée aux risques du climat ».

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Des opportunités d’investissement réelles pour la préservation du climat

Les efforts déployés par la Banque agricole pour obtenir l’accréditation du Fonds vert climat ne datent pas d’hier : il aura ainsi fallu 3 ans à l’institution vénérable pour déployer des actions concrètes en faveur de la préservation de l’environnement. Selon le directeur général de Lba, Malick Ndiaye : « Cette accréditation nous permet désormais d’avoir un accès direct aux ressources du Fvc, mais aussi d’aider le Sénégal à satisfaire ses engagements par rapport aux accords de Paris, notamment à travers des levées de fonds pour le financement des projets verts » .

Le document officiel communiqué par la Banque agricole au début de l’année 2021 insiste sur les retombées favorables de cette accréditation : « La Lba est devenue, après le Centre de suivi écologique, la deuxième entité sénégalaise partenaire de mise en œuvre du Fvc pour l’accès direct. L’accréditation de l’établissement présente, pour le secteur privé national, des opportunités réelles d’investissement en faveur du climat. En effet, les guichets de la banque sont ouverts au privé national pour la constitution et la soumission au Fvc de projets structurants, à fort impact climatique alignés aux priorités du Sénégal déclinées dans le Programme pays pour le Fvc et la Contribution désignée au niveau national (Cdn). Le Sénégal, à travers la Lba, consolide ainsi ses possibilités et atouts pour la mobilisation de la finance climatique et renforce ainsi son engagement pour l’accès direct au Fonds vert pour le climat ».