La transition énergétique est désormais une réalité sur le continent africain, notamment et plus particulièrement en Afrique de l’ouest où des pays comme le Sénégal entreprennent des investissements massifs dans le domaine des énergies renouvelables. On se souvient par exemple de l’inauguration récente d’un parc éolien, au nord de Dakar durant le mois de février 2020. Récemment donc, la question de la transition énergétique s’est une nouvelle fois posée dans le pays de la Teranga, avec une volonté de développement du biogaz dans certaines régions.

Climat : la Suisse et le Sénégal signent un accord bilatéral
Climat : la Suisse et le Sénégal signent un accord bilatéral

Investir dans des projets de protection du climat

C’est désormais officiel : le Sénégal et la Suisse marchent désormais main dans la main sur la question du climat et de sa préservation. Un accord bilatéral vient d’être signé durant l’été 2021 entre les deux pays avec pour objet principal « la compensation des émissions de CO2 ». En effet, la Suisse s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici à l’horizon 2030. Mais concrètement, des difficultés persistent – comme on a pu le voir avec la réaction du peuple helvétique qui, en juin dernier, s’était opposé à la révision de la loi sur le CO2.

C’est donc tout naturellement que le Conseil fédéral, par la voix de Simonetta Sommaruga, actionne des projets de protection du climat dans d’autres pays. Objectif vis-à-vis du Sénégal : financer du biogaz durable et compenser ainsi 500kT de CO2. Cette visite représente ainsi la troisième du genre, avec des accords similaires conclus il y a quelques mois au Pérou en Amérique du Sud et au Ghana en Afrique de l’Ouest.

Accueillie avec ferveur par le ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable Abdou Karim Sall, Simonetta Sommaruga insiste cependant sur le fait que cette visite n’est pas uniquement intéressée : « nous avions déjà un accord en route avec le Sénégal, et notre accord ne doit pas être considéré comme une alternative. Je suis convaincue que le peuple suisse n’a pas dit non au climat, il s’est juste prononcé contre cette loi. Au final, nous réaliserons également des investissements en Suisse en plus des investissements que nous réalisons ici ».

Attirer les investisseurs pour développer la transition énergétique

Du côté des pouvoirs publics sénégalais, on réfléchit déjà aux potentialités de cet accord qui va rejaillir sur toute l’industrie énergétique. Abdou Karim Sall espère ainsi de cet accord qu’il attire davantage d’investissements dans son pays, pour développer et renforcer la transition énergétique. Le programme est ambitieux, puisqu’il prévoit notamment le financement de la construction d’installations de méthanisation dans des exploitations agricoles. Au total, donc, ce sont près de 60 000 biodigesteurs installés à proximité directe des zones rurales, qui devront fournir l’énergie nécessaire à partir des excréments d’origine humaine et animale.

Ce financement de 60 000 biodigesteurs par la Suisse complète intelligemment le Programme national de biogaz domestique du Sénégal (PBN-PSN), mis en œuvre par le ministère du Pétrole et des Energies. Celui-ci vise la lutte active contre la déforestation causée par l’utilisation du bois et du charbon de bois. Les ménages sénégalais seront donc incités à consommer davantage de biogaz domestique comme combustible de substitution à leurs besoins énergétiques quotidiens.

Montrer la voie au reste du monde

Ce voyage diplomatique et cette semaine de travail représentent pour les deux pays une véritable opportunité sur le plan climatique. Pour la conseillère fédérale Suisse, l’occasion se présente de montrer le caractère vertueux de ce système, et ce malgré l’échec de la dernière votation. Simonetta Sommaruga souhaite ainsi montrer l’exemple sur le plan international, en faisant de la Suisse le premier pays à signer de tels accords bilatéraux. Au final, ce geste environnemental doit être la démonstration ultime qu’une compensation respectueuse de la nature et des droits humains reste possible.

Rappelons au passage les grandes difficultés éprouvées par les Nations Unies en matière de réglementation internationale pour la compensation. En effet depuis 2015, les conférences successives sur les changements climatiques (COP), ont échoué à établir des règles communes, mettant ainsi en péril l’Accord de Paris sur le climat.