Le système bancaire et financier sénégalais, aujourd’hui solide, a subi une profonde réforme suite à une crise bancaire dans les années 80. En 1987, sur 14 banques sénégalaises, seules 3 étaient en bonne santé financière. Pour remédier à cette situation, un vaste plan de restructuration a été mis en place, divisant les institutions en trois catégories : celles nécessitant une restructuration, celles condamnées à cesser leur activité et les nouveaux organismes bancaires à créer. Le plan a également encouragé le désengagement de l’Etat et la recherche de partenaires privés, notamment étrangers. Malgré quelques échecs, cette réforme a permis de renforcer le système bancaire et financier du pays. Par ailleurs, la microfinance a été revalorisée pour permettre aux plus démunis d’accéder aux services bancaires.Le système bancaire et financier sénégalais, aujourd’hui solide, se compose en grande partie de banques filiales ou représentantes de sociétés internationales. Leur réseau, très dense, irrigue non seulement la capitale mais toutes les villes à l’intérieur du pays. Pour en arriver là, un lourd travail de réforme a été nécessaire notamment après la crise bancaire qui a sévi à la fin des années 80.

A partir de 1988, un vaste plan de réformes

En 1987, sur 14 banques sénégalaises, seules 3 affichent une santé à peu près correcte. Il faut bien le dire, les banques sénégalaises (et d’Afrique subsaharienne en général) sont en faillite et dans l’incapacité de faire face aux importants retraits d’argent. La cause revient à un système bancaire gangréné par de nombreux problèmes à commencer par une débauche d’établissements bancaires, à un trop grand nombre de mauvais payeurs et à des investisseurs nationaux peu enclins à reprendre le flambeau de banques moribondes.

Pour endiguer cette crise bancaire profonde, le Sénégal n’eut d’autre choix que mettre en œuvre un solide plan de restructuration qui regroupait un chapelet de mesures pour d’une part assainir le système bancaire puis le réorganiser entièrement.

Le plan d’assainissement du système bancaire sénégalais

Les institutions du système bancaire ont alors été divisées par les autorités en trois catégories :

  • Les banques qui nécessitaient une restructuration soit financière ou structurelle (ou les deux) mais qui pouvaient continuer leur activité. Ce fut notamment le cas de la BIAO-S qui fit l’objet d’un arsenal de mesures destinées à réduire ses coûts d’exploitation et bénéficia d’importants soutiens financiers entre-autre par le privé.
  • Les banques condamnées à cesser leur activité comme ce fut le cas pour trois banques du secteur public et une banque commerciale privée.
  • Les nouveaux organismes bancaires à créer. La règle instaurée stipulait que les nouveaux établissements à naître devaient provenir majoritairement de capitaux privés, la participation de l’Etat restant infime. Les bailleurs de fonds étrangers exigeaient en effet que l’Etat sénégalais restreigne sa participation en raison de sa lourde responsabilité dans la situation catastrophique du système bancaire national.

Le plan de réorganisation du système bancaire sénégalais

Une fois le secteur financier assaini par un profond « ménage », le système bancaire et financier sénégalais nécessitait la pose de nouvelles bases au regard de son fonctionnement et de son contrôle. Parmi ces nouvelles règles il faut citer :

Le désengagement de l’Etat.

Ce dernier a dû réduire ses parts en capital envers les banques commerciales. Les actions que l’Etat détenait ont été cédées à des investisseurs du secteur privé et aux employés des banques eux-mêmes. Le gouvernement a également pris l’engagement de ne plus intervenir dans la gestion des banques et de nommer ses administrateurs (du fait de sa qualité d’actionnaire) sur de rigoureux critères d’expérience, de compétence et d’intégrité.

La recherche de partenaires privés et notamment étrangers

Le système bancaire et financier du Sénégal a pleinement misé sur l’expertise et l’excellente implantation dans le système financier international de partenaires privés et étrangers. A ce titre bon nombre de banques françaises, italiennes, allemandes, américaines se sont regroupées en 1991 pour former la SNR (Société Nationale de Recouvrement) chargée de recouvrer les créances des banques et de rembourser le passif des établissements liquidés au profit des petits épargnants et des créanciers privés. La SNR avait aussi tout pouvoir pour récupérer des fonds notamment via la saisie de biens meubles.

La restructuration de la BIAO-S (ancienne banque du Sénégal jusqu’en 1901) qui faisait partie des établissements devant être restructurés a pu ainsi être menée à terme et grâce à un apport de capital qui a permis de ramener la participation étatique à 10 %.

Il est bon de souligner que cette réussite ne fut pas identique à tous les établissements promis à une réorganisation. En effet, l’apport en capitaux privés n’a pas toujours été à la hauteur des espérances. En termes de ressources financières, il s’est en réalité produit un fort décalage entre les prévisions et les résultats. Certaines banques comme la Massaraf Fayçal Al Islami du Sénégal ont finalement été contraintes de fermer définitivement. D’autres comme le Crédit National Sénégalais n’a pu procéder à la transformation souhaitée.

La nécessité de revaloriser la micro-finance

Réformer la microfinance par l’instauration du micro-crédit est apparu indispensable pour assurer la réinsertion sociale et bancaire des exclus du financement bancaire. Ces derniers ne pouvaient accéder aux services du système bancaire classique faute de garanties matérielles. A défaut d’être une panacée, la microfinance représente aujourd’hui un outil essentiel de lutte contre la pauvreté. Dans un contexte économique favorable, elle contribue à améliorer les conditions de vie des plus démunis qui sont dans l’incapacité de profiter des opportunités économiques faute de moyens financiers.

Entre 1993 et 2003 un cadre juridique a été mis en place pour régir les SFD (Systèmes Financiers Décentralisés) par le biais de la loi 95-03 ou loi P.A.R.M.E.C. adoptée par le conseil des ministres de l’UMOA en 1993.  A partir de 2003, la surveillance accrue du secteur a permis d’en consolider sa professionnalisation.