Avec une population en chute libre et un ralentissement économique accentué par les effets dévastateurs de la crise du COVID, la crise en Chine se fait ressentir depuis quelques mois.

L'impact de la crise en Chine sur l'Afrique
L’impact de la crise en Chine sur l’Afrique

Dans un contexte international, l’influence de la Chine sur l’économie mondiale a des répercussions significatives sur l’Afrique. Bien que de manière indirecte, la Chine exerce une pression considérable sur l’Afrique en raison de sa forte demande pour les matières premières minérales, énergétiques et agricoles. Cette demande croissante a pour conséquence une hausse des prix mondiaux pour ces produits. De plus, en raison de son rôle majeur dans les exportations mondiales, la Chine a également un impact sur la baisse des prix des produits manufacturés. Puisque la mondialisation rapproche et rend interdépendants les pays et les continents, il est de bon ton de se demander quels sont les impacts de la Chine en Afrique. Le continent, doit-il se faire du souci ? Nous faisons le tour de la question dans cet élément.

Comment va la Chine en ce début d’année 2023 ?

9,56 millions de naissances en fin 2022 pour une population nationale estimée à 1,41 milliard de personnes. Une diminution de 0,85 million du nombre de naissances par rapport aux statistiques de fin 2021. Voilà les chiffres présentés, il y a quelques semaines, par le commissaire du bureau national chinois des statistiques, Kang Yi. Il faut croire que le pays fait face aux revers de sa politique de l’enfant unique.

Par ailleurs, sur le plan économique, la situation n’est pas plus luisante. Le pays est sorti de l’épisode du coronavirus avec une croissance économique établie à 3% pour l’année 2023. Pour l’empire du milieu, c’est le plus grand recul économique depuis près d’un demi-siècle d’existence. Mais dans ce tableau si sombre, à quoi doit-on s’attendre concernant la Chine en Afrique ?

Une baisse de la demande chinoise de matières premières africaines

Pour appréhender l’impact de la crise en Chine sur les économies africaines, il faut réaliser quelle quantité de matières premières africaines la Chine consomme.

Elle importe entre autres du pétrole (du Nigeria), du gaz, du cuivre (de la Zambie), du charbon (du Mozambique), du minerai (de la RD Congo), etc. Pour le petit rappel, en dix années, le volume des exportations africaines en Chine est passé de 5% à 25%, ce qui représente un gros atout pour l’économie peu diversifiée de plusieurs pays africains.

À considérer que le colosse asiatique devient un géant aux pieds d’argile, et que la demande chinoise pour les matières premières africaines diminue, l’Afrique s’en trouvera très mal. Près d’une vingtaine de pays africains dont les économies sont dopées par leurs exportations vers la Chine se retrouveront face à des difficultés d’écoulement de leurs matières premières.

La loi du marché aidant, les prix des matières premières subiront une baisse en raison du trop-plein, ce qui plombera davantage ces économies qui sont déjà loin d’être à leur maximum.

Inversement, si la Chine réduit ses exportations vers l’Afrique, les produits occidentaux envahiront à nouveau le marché africain. Il faudra dans ce cas se préparer à chanter le requiem dans plusieurs filières africaines, comme ce fut le cas dans les années 90.

Une baisse des investissements de la Chine en Afrique

Entre l’Afrique et la Chine, il y a plus que les matières premières. En effet, l’Afrique doit à son partenaire asiatique près de 50% du total des investissements directs étrangers réalisés sur son sol. Les statistiques indiquent que les entreprises chinoises remportent près de 40% des grands contrats de réalisation d’infrastructures en Afrique. Le pays a investi d’énormes ressources en Afrique, notamment dans des projets de construction de portes, de ponts et de route en Angola, au Burkina Faso, en Afrique du Sud, au Cameroun, au Congo, en Égypte, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Nigeria, en Zambie, etc.

Depuis la crise de la Covid-19, les investissements chinois ont considérablement baissé. Une étude conduite par la Boston University Global Development Policy Center a révélé que les prêts chinois accordés aux gouvernements africains ont chuté de 78 % en 2021 par rapport à 2020, atteignant 1,9 milliard de dollars, son plus bas niveau depuis 2004.

Ainsi, une continuité de la crise économique en Chine pourrait entraîner une baisse durable de la capacité de prêts chinois, ce qui aura un impact négatif sur la croissance économique de certains pays africains.

Même si face à cette situation, certains acteurs locaux (banques, groupes de BTP, fonds d’investissement, etc.) commencent à s’illustrer, il y a encore du chemin à parcourir pour combler le vide.

La crise chinoise et son impact sur le tourisme africain

Avec les paysages naturels et les mystères de l’Afrique, le tourisme africain est un vecteur vital de croissance économique et de création d’emplois sur le continent. Il se fait que l’Afrique est, depuis plusieurs années, l’une des destinations touristiques privilégiées des Chinois, surtout avec l’initiative « la Ceinture et la Route ». En clair, la Chine représente aussi un marché important pour le tourisme africain.

Selon les chiffres de l’Organisation mondiale pour le Tourisme, la proportion de touristes chinois qui choisissent la destination Afrique est passée de 3% en 2008 à 10% en 2017, une tendance qui a continué avec les années. Avec la crise économique chinoise, les dépenses des touristes chinois ont connu une baisse sérieuse, ce qui a porté un coup à l’industrie touristique africaine.

C’est un fait. Confronté à des difficultés historiques, le dragon chinois commence à perdre son feu. Pour les pays africains dont les économies dépendent en grande mesure de leurs échanges commerciaux avec la Chine, les perspectives ne sont pas complètement bonnes. C’est peut-être le moment de diversifier les sources de devises et de s’ouvrir au secteur privé afin d’amortir l’impact de cette crise qui menace la poursuite de la relation de la Chine en Afrique.