Les problèmes de financement des secteurs clés de l’économie africaine font partie des principales raisons de la contre productivité des économies de la région. Dans le plan stratégique Sénégal Emergent, les dirigeants ont prévu de s’appuyer davantage sur la production agricole pour stimuler la croissance économique au cours des prochaines années. Une position qui implique la satisfaction des besoins de financements agriculteurs. Comment le pays s’y prend pour le financement de l’agriculture au Sénégal

Apports du secteur de la finance

Le Sénégal à fait du développement de l’agriculture une priorité nationale. Le pays vise à augmenter sa production pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et réduire sa dépendance face aux importations. C’est dans l’optique de la réalisation de cet objectif que La Banque Agricole (LBA), a annoncé le 16 juillet dernier qu’elle lancera une solution de financement dénommée Woomal Mbay. Celle-ci couvrira le développement de systèmes de pompage et d’irrigation solaires, le déploiement de logiciels de renforcement de capacités et la mise à la disposition des agriculteurs d’une application de contrôle de gestion.

Cette action n’est pas la première de la LBA au Sénégal. En avril 2022, elle avait déjà financé la culture contre-saison du riz dans la vallée du fleuve Sénégal à hauteur de 12.4 millions de dollars, soit 7.5 milliards de Fcfa. Ce financement était composé de 7.3 milliards de Fcfa pour les producteurs de la région de Saint-Louis et de 214 millions de Fcfa pour les producteurs de Matam.

En dehors de la LBA qui a élaboré des produits spécifiques, il faut savoir que les autres institutions bancaires actives dans le pays apportent également des financements à des agriculteurs ou à des groupes de producteurs à travers le pays.

D’autres partenaires de l’Etat comme le Fonds international de développement agricole (FIDA), la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds Huruma, etc., constituent des acteurs clés du financement du secteur agricole au Sénégal.

Les efforts de l’Etat pour accompagner le financement de l’agriculture au Sénégal

Financement de l'agriculture au Sénégal : Quelques outils et acteurs importants
Financement de l’agriculture au Sénégal : Quelques outils et acteurs importants

Le mercredi 9 mars 2022, le Conseil des ministres du Sénégal a validé un financement de 70 milliards de Fcfa pour la campagne agricole 2022/2023. Cette enveloppe, en hausse de 10 milliards en comparaison à celle de la campagne précédente, est répartie comme suit : 41 milliards de Fcfa pour l’approvisionnement en engrais, 12 milliards de Fcfa pour l’achat des semences d’arachide, 5 milliards de Fcfa pour le programme de compétitivité de l’Agriculture et de l’Élevage et 12 milliards de Fcfa pour l’achat de diverses semences végétales.

Les efforts de l’Etat pour accompagner le secteur ont permis aux producteurs d’atteindre, selon les estimations provisoires de décembre 2021 environ 3,53 millions de tonnes pour la récolte céréalière par exemple. Il s’agit d’une hausse de 27% en comparaison à la moyenne quinquennale. Sur la période, le pays a enregistré une hausse de la production rizicole de 2%. Toutefois, la production de mil et de sorgho a respectivement reculé de 9% et de 7%. Cela témoigne des efforts supplémentaires à faire dans ses segments qui ne bénéficient pas de la même attention de la part des autorités.

Au Sénégal, la Caisse nationale de crédit agricole (CNCAS) est le principal outil de la politique de financement du secteur. Elle attribue des crédits de campagne à taux bonifiés de 7,5 %. Cependant, elle fait face à un manque de ressources financières et se retrouve souvent incapable d’offrir à ses clients agriculteurs des produits adaptés à leurs besoins.

Les initiatives locales

Au Sénégal, les ONG et les entreprises locales s’intéressent aussi aux défis du financement de l’agriculture.

L’initiative MyAgro a vu le jour en 2011 et a déjà aidé environ 90 000 producteurs au Sénégal, au Mali et en Tanzanie. En effet, il s’agit d’une plateforme mobile qui permet aux cultivateurs d’épargner de petites sommes pendant les saisons sèches. L’objectif est de leur permettre de se procurer des semences à travers la plateforme lors des saisons pluvieuses. Les adhérents à cette solution reçoivent des cartes prépayées avec lesquelles ils peuvent se procurer les semences et les engrais chez des fournisseurs. Ces derniers ont la possibilité de recevoir les paiements de façon échelonnée.

En-dehors de cette facilité à se procurer des semences, les adhérents à la plateforme bénéficient également de formations dispensées par un réseau de plus de 1 800 formateurs.

Selon les promoteurs, la solution permet aux producteurs d’augmenter leurs rendements et donc leurs profits sur chaque campagne agricole. MyAgro n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Les initiateurs se sont fixés comme objectif de soutenir 1 million d’agriculteurs d’ici 2025.