L’énergie revêt une dimension vitale pour les pays d’Afrique, de même que bien d’autres secteurs comme la pêche qui nourrit massivement les populations situées à l’ouest du continent. C’est dans ce contexte que se sont récemment rencontrées le Sénégal et la Mauritanie, deux nations frontalières d’Afrique de l’Ouest, pour discuter de l’avenir immédiat en matière d’exploitation des gisements. Des accords décisifs sur la pêche étaient également en discussion, avec une forte volonté de coopération des deux côtés.

Une visite « d’Amitié et de Travail » pour le président sénégalais

La visite du président Macky Sall à son homologue mauritanien, Mohamed Cheikh Ould Ghazouani s’est tenue le 12 et 13 juillet 2021 à Nouakchott. Officiellement, cette rencontre était placée sous le signe « de l’Amitié et du Travail », avec de nombreux dossiers à étudier de près pour les deux chefs d’état. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette rencontre s’est révélée fructueuse. La signature de sept accords de coopération entre les deux pays a ainsi permis de faire avancer de nombreux sujets sensibles et de renforcer le niveau d’engagement de chacun. Durant les discussions et selon l’Agence mauritanienne d’information, de nombreux domaines essentiels ont été abordés, tels que la justice, l’environnement, les équipements et les transports (1). Des préoccupations en relation avec la pêche et l’économie maritime ont également été soulevées.

Le Sénégal et la Mauritanie entretiennent depuis de nombreuses années des relations d’amitié et de confiance, comme cela a pu être réaffirmé à travers le communiqué de presse officiel. Ainsi, le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani et son frère M. Macky Sall confirment, par l’entremise de cette visite diplomatique, « la forte relation de fraternité et de coopération entre les deux dirigeants ».

Sénégal – Mauritanie un sommet capital et des enjeux économiques à la clé

Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA)

L’Afrique de l’Ouest est une région extrêmement riche en énergies fossiles. Le gaz, notamment, fait l’objet de toutes les attentions depuis quelques années avec la découverte du plus important champ gazier d’Afrique : le fameux GTA, découvert en 2015. Ceci a été rendu possible suite à la réalisation du puits Tortue-1 par Kosmos Energy (KE), une société indépendante d’exploration et de production pétrolière et gazière. Les réserves de cette zone d’exploration sont estimées à environ 1 400 milliards de m3 de gaz. Léger point de détail qui fait toute la différence : le gisement est situé de part et d’autre de la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie. D’où l’importance des récentes discussions entre les deux pays, qui entendent bien se partager les recettes qui s’établissent entre 80 et 90 milliards de dollars sur une période de 20 ans.

Grand Tortue Ahmeyim
Grand Tortue Ahmeyim

C’est donc à l’occasion de cette visite diplomatique en Mauritanie que l’exploitation du GTA a été mis sur la table, avec la volonté d’en faire un « Projet national d’Intérêt stratégique ». Les deux Chefs d’Etat se sont ainsi entretenus avec les ministres concernés, afin de mettre en place les mécanismes appropriés pour une meilleure coordination et une accélération de la mise en œuvre. A l’heure actuelle, le projet est très avancé en termes d’investissement mais le coût de celui-ci, selon les partenaires BP et Kosmos, dépasserait de 30% le budget prévu. Cette situation est notamment la conséquence de lenteurs administratives et d’un manque de rigueur dans le respect de certaines exonérations figurant dans la convention entre les deux parties .

Le secteur de la pêche et les conditions d’exploitation des ressources halieutiques

La question de la pêche et de l’exploitation des ressources halieutiques figure sans difficultés à la seconde place des sujets les plus importants traités à l’occasion de cette rencontre entre le Sénégal et la Mauritanie. Et pour cause : ce domaine de l’économie approvisionne en protéines animales des millions d’habitants d’Afrique de l’Ouest ! Les deux chefs d’État ont donc convenu de renforcer la coopération bilatérale dans ce domaine, en donnant des instructions très précises aux ministres en charge de la Pêche et de l’Economie maritime. Du côté des artisans de la pêche, que ce soit au Sénégal comme de l’autre côté en Mauritanie, on attendait de réelles avancées dans ce domaine : les pêcheurs basés à Saint-Louis, qui opèrent traditionnellement dans les eaux mauritaniennes, attendaient des résultats concrets. Finalement, c’est la signature d’un accord entre les deux ministres de la Pêche et de l’Economie maritime qui a débloqué la situation pour les pêcheurs sénégalais : ceux-ci ont désormais l’autorisation d’accéder aux eaux territoriales mauritaniennes, ce qui faisait l’objet d’une discussion importante sur le plan de la coopération bipartite.

Sur un plan plus général, les deux Présidents ont profité de ces quelques jours pour réaffirmer leur attachement à une gestion équitable et solidaire des ressources, plus particulièrement au niveau du bassin du Fleuve Sénégal. Cette région figure à plus d’un titre comme un modèle de coopération constructive depuis bientôt un demi-siècle.