La vaccination contre le covid-19 progresse dans la plupart des pays du monde. Pourtant en Afrique, les difficultés d’approvisionnement persistent pour protéger les populations et entraînent de fait un réel déséquilibre. Un espoir existe cependant par l’entremise de pays comme l’Egypte, qui est parvenue à produire son propre vaccin contre le coronavirus. D’autres nations telles que le Sénégal devraient suivre prochainement, appuyées notamment par le réseau des centres Pasteur.

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Une troisième vague annoncée en Afrique

Comme sur la plupart des autres continents de la planète, l’épidémie de covid semble ne pas vouloir trouver le repos. En France par exemple, les autorités annoncent d’ores et déjà une quatrième vague, qui était attendue seulement à la rentrée de septembre. En cause : la propagation du fameux variant delta qui a réussi à déjouer toutes les prévisions. Le 18 juillet dernier, le Ministre de la Santé Olivier Véran faisait état « de 18 000 contaminations en 24 heures seulement […], ce qui signifie une augmentation de la circulation du virus de l’ordre de 150% en une semaine. Nous n’avons jamais connu cela ».

Durant les premiers mois de l’épidémie, le continent africain semblait avoir particulièrement bien résisté. Six mois après le début de la pandémie, l’Organisation mondiale de la Santé évoquait « un faible taux d’infection sur le continent ». Les raisons de cette situation exceptionnelle s’expliquaient alors par les mesures prises par les Etats pour restreindre les mouvements de population mais aussi par le profil démographique et le mode de vie des africains. Pourtant, plus d’un an après les premiers cas déclarés dans le monde, le bilan est important : l’Afrique compte aujourd’hui, selon le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, près de 6,3 millions de contaminations et 160 000 décès enregistrés.

Aujourd’hui, le continent africain n’est pas à l’abri d’une troisième vague. Selon les observations de la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, Matshidiso Moeti, ce scénario entamé depuis la mi-mai « se propage plus vite et frappe plus fort, au risque d’être le pire du genre ». Rappelons ici que le variant delta, qui touche désormais des régions comme l’Afrique du sud, la République démocratique du Congo et l’Ouganda est considéré comme le plus contagieux à l’heure actuelle, avec une transmissibilité estimée entre 30 et 60% supérieure à celle des autres variants connus.

Le docteur Matshidiso Moeti confirme ainsi que « seulement 15 millions de personnes (soit 1,2% de la population africaine) bénéficie à l’heure actuelle d’une couverture vaccinale complète, alors que le nombre d’infections sur le contient double désormais toutes les trois semaines ».

L’Égypte aujourd’hui… et demain le Sénégal ?

Pour contrebalancer la noirceur du tableau, il convient de garder à l’esprit les multiples initiatives à l’œuvre actuellement sur le continent africain. Pour commencer, rappelons que l’Egypte est le premier pays de cette région du monde à produire sur place des vaccins contre le coronavirus. Un seul et unique objectif : réussir à obtenir les doses nécessaires pour vacciner la population, alors que les difficultés d’accès à des doses persistent. Ainsi, la ministre égyptienne de la Santé, Hala Zayed, a annoncé au mois de juin dernier la production de 300 000 doses du vaccin chinois Sinovac, sur le sol égyptien.

De telles ambitions pharmaceutiques existent également dans d’autres pays du continent africain, comme on peut le voir au sud du Sahara. En effet, les autorités sénégalaises sont parvenues à conclure un accord avec l’entreprise wallonne de biotechnologie Univercells pour la production locale de vaccins anti-Covid. Le financement de l’installation de cette usine de production dans le pays a été évalué à hauteur de 200 millions d’euros (soit l’équivalent de 130 milliards de FCFA.

Bien évidemment, cette coopération ne saurait aboutir sans le concours précieux et vital de l’Institut Pasteur de Dakar (IPD), institut de recherche biomédicale et de santé publique de premier plan au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. L’IPD, qui produit des vaccins depuis plus de 80 ans, dispose de l’expertise nécessaire dans la lutte contre les maladies émergentes, et dans la surveillance épidémiologique. Cet institut est le seul fabricant de vaccins dans la région à disposer des pré-qualifications attribuées par l’IMS en Afrique.

Qu’en est-il des autres pays du continent africain et de leurs éventuelles avancées ? Du côté du Maroc par exemple, les pouvoirs publics ambitionnent de produire pas moins de 5 millions de doses par mois, par l’entremise d’un projet de fabrication locale du vaccin chinois Sinopharm. L’Agence de presse marocaine qui a couvert la cérémonie officielle présidée par le roi Mohammed VI relaie ainsi « la volonté du Maroc de renforcer sa souveraineté sanitaire, en procédant à un investissement global d’environ 421 millions d’euros ».